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La CBA mandatée par la Banque mondiale pour émettre des obligations Ethereum

Par Floriane le 21/08/2018 (Technologie)
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D’après un communiqué de presse paru le 10 août 2018, la Commonwealth Bank of Australia (CBA) est officiellement mandatée par la Banque Mondiale pour émettre des emprunts obligataires basés sur la blockchain Ethereum. Les emprunts obligataires seront libellés en dollars australiens (AUD). L’émission de ces obligations devrait permettre à la Commonwealth Bank of Australia de récolter entre 50 et 100 millions. Ce montant visera à financer des initiatives de développement durable. Un tournant symbolique pour la reconnaissance du potentiel de cette technologie par une des plus grandes institutions financières au monde.

Les premières obligations basées sur blockchain

L’émission d’obligations est un levier traditionnel permettant à la Banque Mondiale de récolter chaque année plusieurs milliards de dollars pour financer des projets. Les projets de développement durable se sont progressivement imposés comme l’une des priorités de la Banque Mondiale, face aux challenges grandissants du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles.

Ce qui est nouveau, et mérite d’être souligné, c’est la reconnaissance désormais officielle du potentiel de la blockchain pour financer de tels projets. La Banque Mondiale a toujours cherché à tirer profit des innovations : dès le début des années 2000, elle émet la première obligation électronique et marque ainsi une rupture en faisant passer la finance internationale à un nouveau degré de dématérialisation.

La blockchain, elle, a su séduire les institutions financières grâce à l’infrastructure qu’elle offre : « La blockchain a le potentiel de rationaliser les processus parmi de nombreux intermédiaires et agents des marchés de capitaux d’emprunt. Cela peut aider à simplifier la levée de capitaux et la négociation de titres ; améliorer l'efficacité opérationnelle ; et renforcer la surveillance réglementaire », ont souligné la Banque Mondiale et la CBA.

Cette obligation Kangourou, terme générique qui désigne les obligations étrangères émises en Australie et en dollars australiens, a été nommée Bond-i (pour Blockchain Offered New Debt Instrument). Ces obligations seront les premières au monde à être créées, attribuées, transférées et gérées par une blockchain. L’événement consacre donc le passage à un niveau d’adoption massif de la technologie de chaîne de blocs dans le monde de la finance internationale.

Une blockchain privée sur Ethereum

Pour l’émission de ces obligations, la Commonwealth Bank of Australia utilisera une blockchain privée basée sur Ethereum. La Banque Mondiale et la CBA ont justifié leur choix par la popularité et l’importance de la communauté des développeurs du réseau Ethereum, qui reste la plus active pour l’instant. Elles ont cependant souligné leur ouverture à d’autres alternatives, étant donné la rapidité avec laquelle de nouvelles blockchains se développent.

D’après le MIT, la plateforme privée est correctement configurée pour fonctionner sur le cloud de Microsfot Azure. Microsoft a parallèlement mené un audit indépendant afin d’évaluer sa sécurité et son opérationnalité.

La Banque Mondiale a déjà déclaré que les investisseurs montraient un fort intérêt pour ces obligations.

Oui à la blockchain, non aux crypto-monnaies

Le rapport des banques à la blockchain reste, et restera sans doute, ambigu. Car, lorsque Satoshi Nakamoto développe la première blockchain au monde, celle-ci vise à créer une crypto-monnaie supranationale, permettant de s’émanciper du système bancaire. La première utilisation de la technologie de la chaîne de blocs est donc, initialement, un pied de nez ouvertement affiché aux banques, sans que celles-ci ne réalisent immédiatement l’intérêt qu’elles pouvaient avoir à s’y intéresser à leur tour.

La prise de conscience s’est faite progressivement et, aujourd’hui, la blockchain est autant perçue comme une opportunité qu’un danger pour le système bancaire tel que nous le connaissons. Les banques s’intéressent désormais de près à cette technologie, mais il s’agit surtout de surfer sur la vague afin d’éviter qu’elle ne les submerge. Tout l’enjeu est ici de pouvoir tirer parti des avantages de la blockchain dans la finance, en évitant d’encourager des projets qui mettraient leur business model en péril.

On l’aura compris, il s’agit bien d’exploiter la blockchain pour mieux contrecarrer une adoption grand public des crypto-monnaies. Les obligations Bond-i seront donc émises en dollars australiens, et il est a priori absolument inenvisageable de glisser vers un modèle de titres émis directement en Ethereum.

Blockchain et Finance

La technologie de chaîne de blocs a beaucoup à apporter au système financier international. La Banque Mondiale et la CBA ont souligné leur intérêt pour toutusage permettant de rationaliser les processus incluant de nombreux intermédiaires.

Concrètement, il faut en effet noter que cette technologie apporte une sécurité et une transparence encore inégalée dans au moins quatre domaines d’application de la finance :

  • Les dérivés OTC et les transactions « securities finance», y compris les obligations, en permettant de savoir en temps réel qui détient quel contrat, ce qui permet de faciliter la tâche des régulateurs
  • La chaîne post-marché des titres, en permettant de se passer du dépositaire central et de tous les autres intermédiaires pour suivre efficacement le transfert de propriété d’un titre
  • Le financement du commerce international, en permettant de suivre la marchandise. A cet effet, la Commonwealth Bank of Australia a pu suivre le mois dernier la livraison de 17 tonnes d’amandes en Europe grâce à sa plateforme alliant une technologie de DLT (Distributed Ledger Technology), de contrat intelligent et d’IoT
  • Le financement privé des entreprises (dette ou capital), en permettant de lever des fonds avec nettement plus de facilité, d’enregistrer et d’échanger des parts d’entreprise en toute transparence, sans que celles-ci ne soient nécessairement cotées en bourse

Blockchain et légitimité : banques vs crypto-monnaies

Les banques ont désormais compris la nécessité de prendre le train en marche afin de rester maîtres du jeu. L’enthousiasme autour d’un autre protocole, Ripple, témoigne également de cette volonté. Transparence, sécurité et efficacité sont au cœur des enjeux de la blockchain appliquée à la finance. Des facteurs essentiels pour regagner le cœur des citoyens en reconstruisant la légitimité du système bancaire.

Car la légitimité est bien au cœur des enjeux de ce bras de fer qui oppose les banques aux crypto-monnaies décentralisées. Toutefois, si la blockchain s’impose comme un instrument de légitimité du fait de son caractère infalsifiable dans chacun des deux écosystèmes, son utilisation demeure radicalement différente avec, d’un côté, les systèmes publics, transparents et utilisables par tous, et, de l’autre, les systèmes requérant une permission pour lire les informations stockées sur la blockchain. Ce sont ces derniers qui intéressent particulièrement les entreprises, qui y voient un moyen performant d’affiner le contrôle et le suivi de leurs produits, quel qu’ils soient. Au-delà de la technologie, on observe donc les contours de deux idéologies, que tout semble opposer…

La question est aujourd’hui de savoir si, à terme, les populations auront davantage confiance en un système centralisé et régulé par une minorités d’acteurs ou en un système entièrement décentralisé basé sur une très large communauté. Les deux sont probablement appelés à coexister.


Update 25/08 : au final, l'objectif initial de 100 millions de dollars australiens aura été dépassé, quelques 110 millions ayant été récoltés. Selon un communiqué de presse, les investisseurs obligataires comprennent CommBank, QBE Insurance, First State Super, la NSW Treasury Corporation, la SAFA, la Treasury Corporation of Victoria et la Northern Trust.

Le trésorier de la Banque mondiale, Arunma Oteh, a déclaré : « Je suis ravi que cette transaction obligataire pionnière utilisant la technologie du livre distribué, bond-i, ait été extrêmement bien accueillie par les investisseurs. Nous sommes particulièrement impressionnés par le souffle d'intérêt des institutions officielles, des gestionnaires de fonds, des institutions gouvernementales et des banques. Nous avons sans aucun doute réussi à passer du concept à la réalité parce que ces investisseurs de grande qualité ont compris la valeur de la technologie pour l’innovation sur les marchés des capitaux. »

Disclaimer : ce type d'investissements étant hautement spéculatifs, les divers contenus publiés ici ne constituent en rien une incitation à investir, ni une garantie de succès. Prudence donc. Et si vous décidez de vous lancer, ne le faites qu’avec des montants que vous pouvez vous permettre de perdre.

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