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Les fermes de minage, un risque pour les cryptos ?

Par Floriane le 04/09/2018 (Technologie)
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L’année passée, Bitmain a généré pas moins de 2,5 milliards de dollars de profits et reçu plusieurs milliards de dollars venant d’investisseurs du monde entier. Sa proche introduction en bourse a nourri de nombreux fantasmes en laissant courir le bruit d’une future valorisation de 18 milliards de dollars. Face à ce succès grandissant, le fabriquant de matériel de minage a pu réinvestir ses profits pour se diversifier au-delà de la vente et ouvrir une ferme de minage colossale au Texas.

Celles-ci sont de plus en plus nombreuses, avec l’émergence d’acteurs de poids comme Coinmint, et font peu à peu passer l’écosystème du minage de crypto-monnaies à une toute autre échelle. La multiplication des grosses fermes de minage soulève cependant des inquiétudes chez les mineurs particuliers, mais pas seulement…

Minage et obsolescence

Impossible de parler du minage de crypto-monnaies sans aborder la question de l’obsolescence technologique, en particulier lorsqu’il est question de Bitcoin. Au départ, la difficulté du minage était si basse que le mineur particulier avait encore toutes ses chances de rentabiliser pleinement ses activités en minant sur un simple CPU (Computer Processing Unit). Le minage sur CPU devint cependant obsolète à la seconde où le premier programme permettant de miner du Bitcoin avec une carte graphique (GPU) a été créé.

Aujourd’hui, la création des ASICs (Application Specific Integrated Circuits) rend lui aussi le minage de Bitcoin sur carte graphique obsolète, car nettement plus efficace et plus rentable. De nombreuses autres crypto-monnaies sont volontairement basées sur un algorithme ASIC résistant, ce qui signifie qu’il est impossible, ou en tous cas très ardu, de miner ces monnaies via ASIC. Leur minage sur GPU ou CPU demeure donc rentable. En ce qui concerne le Bitcoin cependant, l’ASIC est désormais la seule solution envisageable pour miner.

Pendant de nombreuses années, les particuliers ont pu se procurer du matériel de minage ASIC pour des prix de plus en plus raisonnables auprès de grands noms comme Bitmain, rendant encore tout à fait possible le minage individuel. Pour autant, la création de grandes fermes de minage possédant des puissances de calcul encore jamais observées pose la question de la viabilité du minage par les particuliers. D’ici un ou deux ans, trouverons-nous toujours un intérêt à miner seul à la maison avec notre petite installation (en terme métier on parle souvent d’un ‘rig’ ASIC) ?

Fermes de minage et puissance de calcul

Il semblerait que les super-sites de minage détenus par les firmes multimilliardaires s’imposent, même à court terme, comme la seule manière profitable de miner. Les géants du marché s’équipent désormais d’armes redoutables défiant toute compétition. Actuellement, Coinmint est sur le point d’acquérir une ancienne usine d’aluminium à New York et est prêt à mettre pas moins de 700$ millions sur la table pour passer au niveau supérieur. Au Texas, Bitmain s’embarque dans une aventure similaire en s’offrant une ferme à 500$ millions.

Il est aisé de comprendre pourquoi le minage ne se fait plus à armes égales : plus un équipement de minage est performant, plus celui-ci parvient à réduire le coût de la difficulté de minage. Les moyens de géants comme Bitmain ou Coinmint sont incomparables à ceux d’un mineur particulier, ou même d’une petite société de minage. Ces dernières ont désormais elles aussi du souci à se faire pour espérer rentabiliser leur activité à moyen terme.

La tendance a toutes les chances de s’intensifier rapidement, car la présence de super-fermes de minages au sein du réseau contribue à augmenter considérablement la difficulté du minage. Le taux de hashage du Bitcoin a récemment passé la barre des 50 exahash/s, et se stabilise actuellement autour des 40 exahash/s. Une aubaine pour les firmes qui deviennent les acteurs principaux du réseau, tandis que les mineurs individuels se tournent de plus en plus vers le minage d’autres crypto-monnaies.

Une diversification au-delà du Bitcoin

Pour avoir toujours une chance de goûter à leur part de gâteau, les particuliers ont effet jugé plus judicieux de se tourner vers le mining d’Ethereum, Dash ou encore du Siacoin. De nombreux mineurs ASICs voient désormais le jour pour travailler avec différents algorithmes et permettre le minage de crypto-monnaies de plus en plus nombreuses. Un investissement onéreux mais accessible aux particuliers ayant fait quelques économies pour l’occasion.

Si l’on met de côté le risque d’investir dans du matériel de minage Ethereum alors que nous attendons de pied ferme son passage en preuve d’enjeu - qui rendra ce matériel obsolète -, le minage d’autres crypto-monnaies devient lui aussi de plus en plus difficile, car nécessitant beaucoup plus de puissance de calcul qu’avant.

L’une des raisons de cette évolution est la diversification des géants du mining, qui souhaitent désormais eux aussi étendre leurs activités au-delà du Bitcoin. Cela étant, le problème du Bitcoin se reporte ici sur ces autres crypto-monnaies, les géants du secteur s’équipant d’une puissance de calcul inaccessible aux mineurs particuliers et menaçant même la décentralisation du réseau.

Une menace pour la décentralisation

C’est en effet le risque de centralisation qui inquiète le plus. La décentralisation est un concept central des crypto-monnaies : basée sur la concurrence entre mineurs, elle permet de protéger le réseau, et donc l’ensemble des utilisateurs, des attaques ou des manipulations.

En ayant miné plus de 40% des blocs Bitcoin sur certaines semaines du mois de juillet, Bitmain se rapproche dangereusement des 51% qui lui donneraient une position dominante sur le consensus, avec pour conséquence, par exemple, de pouvoir influer sur la capacité de censurer le réseau ou de dépenser une même somme deux fois de suite. Ce risque de centralisation conduit les développeurs de crypto-monnaies à lutter de plus en plus ouvertement contre les mineurs ASIC et leur concentration dans une seule main.

C’est particulièrement le cas pour le Monero, qui a immédiatement mis à jour son algorithme après la sortie de l’Antminer X3 afin de rendre ce dernier obsolète, avant de conduire un hard fork de la monnaie pour assurer sa résistance complète aux ASIC de minage. Monero est ainsi la première monnaie à afficher aussi clairement sa volonté de lutter contre les mineurs ASIC pour protéger la décentralisation de son réseau.

La situation de SiaCoin est plus ambigüe puisque son fondateur, David Vorik, détient lui-même une entreprise fabricant des ASICs, Obelisk. Sa mise en concurrence avec Bitmain a généré une forte anxiété chez les développeurs, avant que l’équipe SiaCoin ne décide de laisser Bitmain entrer dans le jeu, « à moins que l’entreprise ne prenne d’action allant directement à l’encontre du projet SiaCoin ».

Si la situation est, pour l’instant, en standby pour le SiaCoin, il n’en demeure pas moins que le risque de centralisation perdure pour toutes les monnaies décentralisées victimes de mineurs ASIC, les plus importantes étant Bitcoin, Litecoin, Dash, Decred et, dans une moindre mesure, Sia. Les crypto-monnaies qui voudront se préserver du risque de centralisation devront donc veiller à mettre régulièrement à jour leur algorithme, à l’instar de Monero, pour empêcher leur passage à un minage excessif sur ASIC.

Les fermes de minage, un désastre écologique

Au-delà du risque de centralisation des réseaux cryptos, la multiplication de grosses fermes de minage comporte des risques environnementaux qu’il importe de prendre au sérieux dès maintenant. La consommation d’énergie que réclame le minage de ces gigantesques fermes repose essentiellement sur le parc énergétique classique c'est-à-dire le nucléaire ou, pire, les énergies fossiles. Et cette consommation a d’ores et déjà des conséquences sur l’environnement. Il est donc urgent, dans un premier temps, d’adapter le mode opératoire des fermes de minage en encourageant un recours aux énergies renouvelables, comme les énergie solaire ou hydraulique, afin de limiter les impacts environnementaux.

Notons, pour terminer, que cette question du coût énergétique des crypto-monnaies et des impacts liés fait souvent débat. Nous y avons donc déjà consacré des articles, comme celui-ci ou celui-là, et nous y reviendrons forcément un jour ou l’autre.

Disclaimer : ce type d'investissements étant hautement spéculatifs, les divers contenus publiés ici ne constituent en rien une incitation à investir, ni une garantie de succès. Prudence donc. Et si vous décidez de vous lancer, ne le faites qu’avec des montants que vous pouvez vous permettre de perdre.

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