

La plus grosse ICO ayant jamais eu lieu aurait-elle fait s’élever quelques voix appelant à la prudence ? Si c’est le cas, Telegram a souhaité prendre les devants et se décharger de toute responsabilité en prévenant directement les investisseurs des risques auxquels ils s’exposent.
En plus du white paper et des documents techniques, les investisseurs potentiels ont reçu un mémorandum de 9 pages listant un à un les risques liés à l’achat de tokens Grams. Pour les investisseurs habitués, tous ces risques semblent familiers, d’autant que l’entreprise n’a rien laissé au hasard et liste chaque événement susceptible de mal se passer.
La publication d’un tel document peut surprendre, dans la mesure où l’entreprise ne prévoit pas d’offrir des « equity tokens » (actifs d’entreprise), mais des « utilities », autrement dit, des tokens utilisés comme simples moyens de paiement au sein de la Blockchain TON. Nous voyons donc surtout en ce document une précaution pour se prémunir de toute attaque (médias, gouvernements, investisseurs) au cas où l’un de ces facteurs empêcherait Telegram de lancer sa blockchain.
La plupart des risques listés s’appliquant à chaque ICO, nous en reprenons ici certains afin de les commenter plus avant.
Les incertitudes réglementaires
Comme le document le précise très justement, « il est difficile de prévoir comment les autorités gouvernementales souhaitent réguler les crypto-monnaies, si elles les régulent ». Plusieurs contraintes pourraient être imposées à l’ICO : par exemple, l’obligation d’un minimum de liquidités ou d’une requalification du token en equity, ce qui imposerait un enregistrement spécial auprès de la SEC. Après la fin de l’ICO, Telegram n’est pas non plus à l’abri de nouveaux facteurs de régulations encadrant les blockchains et les crypto-monnaies.
Telegram souligne ici que, si les régulations qui lui sont imposées en venait à devenir trop onéreuses, l’entreprise quitterait le pays ou pourrait même couper court au projet.
Les risques techniques inhérents à toute blockchain
Telegram rappelle les risques techniques, liés à des erreurs irrémédiables dans le code, inhérents à toute blockchain : lorsque de trop gros changements sont requis pour apporter des corrections, les nœuds peuvent refuser ces changements et le système cesse alors de fonctionner.
Les risques techniques liés au lancement de TON
Le document précise que « Telegram pourrait ne pas réussir à recruter les développeurs ayant les compétences techniques et l’expertise nécessaire au développement de la Blockchain TON et à son lancement ». Heureusement pour les investisseurs, Telegram a rédigé une clause de remboursement pour les investisseurs même si, on le verra plus loin, l’entreprise se réserve quand même le droit de dépenser les fonds d’une autre manière si la Blockchain TON venait à ne jamais voir le jour…
Les risques liés à l’adoption du token
Comme chaque lancement de token, il existe toujours un risque que ce dernier soit moins adopté et utilisé que prévu. Le business model de TON garantit cependant une bonne utilité du token, aussi ce risque reste l’un des moins probables parmi ceux que l’entreprise liste dans son mémorandum.
Cette adoption est aussi, en grande partie, liée au succès de la technologie blockchain et des crypto-monnaies auprès du grand public. Des résistances subsistent et pourraient freiner l’adoption des tokens Grams. Comme le souligne le site CoinDesk, Telegram ne mentionne pas un gros risque lié à son ICO : le possible retrait de son application de Google ou l’App Store. Ces dernières pourraient en effet simplement désapprouver le fait de ne pas être impliquées dans les transactions financières et pénaliser ainsi très lourdement Telegram.
Cela étant, la plupart des investisseurs voient en Telegram l’initiateur des applications décentralisées disponibles sur Apple et Google et espèrent, au contraire, voir l’ensemble de l’industrie se calquer sur ce modèle pour généraliser l’utilisation des crypto-monnaies.
Les risques liés à l’émission et l’utilisation des fonds
Ce risque est très certainement l’un des plus alarmants pour les investisseurs. En effet, si Telegram a bien prévu une clause de remboursement en cas de problèmes techniques insolubles liés au lancement de TON, de manière plus générale, la société ne s’impose aucune restriction quant à l’utilisation finale des fonds levés, y compris si la Blockchain TON échouait à être lancée. Ces fonds pourraient alors être utilisés pour, par exemple, consolider le fonctionnement de l’application en elle-même.
Voilà les investisseurs dûment prévenus ! Mais, au-delà, ce mémorandum est aussi une bonne piqure de rappel concernant l’ensemble des risques liés à la souscription à une ICO, quelle que soit sa crédibilité et la solidité de la compagnie qui l’émet.
Disclaimer : ce type d'investissements étant hautement spéculatifs, les divers contenus publiés ici ne constituent en rien une incitation à investir, ni une garantie de succès. Prudence donc. Et si vous décidez de vous lancer, ne le faites qu’avec des montants que vous pouvez vous permettre de perdre.