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Une blockchain journalistique pour contrer les ‘fake news’

Par Fred le 24/07/2018 (Technologie)
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Un des plus intéressants projets de l’incubateur blockchain créé par ConsenSYs, dont nous vous parlions il y a peu (voir l’article ici), a pour nom : Civil. Ce projet, fondé sur la blockchain ethereum et le token ERC-20, a reçu 5 millions de dollars pour développer une place de marché auto-suffisante pour la pratique journalistique. Sur cette plateforme, les usagers pourront directement subsidier les salles de presse, laissant aux journalistes la responsabilité de décider eux-mêmes de leur organisation interne. Une centaine de journalistes aurait déjà signé pour participer à ce projet

Comme le précise son fondateur, Matthew Iles, « En fournissant les incitations économiques à s'auto-organiser et les structures de gouvernance pour les professionnels de l’information - rédacteurs, éditeurs, photographes, vérificateurs de faits -, Civil propose un nouveau business model pour le journalisme. » Un business model d’autant plus intéressant que sa neutralité est renforcée par le fait qu’il se voit délivré de l’ingérence publicitaire, et donc des influences extérieures.

Un contenu rédactionnel protégé des modifications

L’idée sous-jacente est de permettre la publication de contenus rédactionnels qui ne pourront être modifiés ou supprimés sans un vrai consensus. On évite ainsi les possibles ingérences gouvernementales. Ce qui est un point important, en particulier dans les régimes plus stricts où une partie de la presse d’opinion est sous pression, comme en Turquie par exemple.

On donne également une certaine pérennité au contenu publié. En effet, la résilience de la blockchain protège le contenu qu’elle inclut contre des effacements a posteriori. On évite, par exemple, qu’un propriétaire de média ne puisse supprimer tout le contenu préalablement édité sous prétexte qu’il met la clé sous porte. De plus, afin de protéger les journalistes contre la censure et les litiges de propriété intellectuelle, Civil prévoit de se focaliser, dans un premier temps, sur les nouvelles locales et les reportages d'investigation.

Et techniquement, comment ça marche ?

Le procédé technique utilisé par Civil consiste à stocker les articles sur leurs propres serveurs mais à enregistrer leur hachage (des chaînes de nombres et de lettres obtenues en exécutant des données à l'aide de certains algorithmes) sur la blockchain ethereum, permettant ainsi aux usagers de vérifier que l’article publié est exempt de censure ou de modifications. En cas de contenu plus ‘sensible’, l’article en question pourra bien entendu être intégralement enregistré sur la blockchain, mais cela ne devrait pas être la norme.

Vers un modèle de gouvernance des salles de presse ?

Enfin, le token émis, CVL, est censé être à la base de la mise en place de pratiques de bonne gouvernance internes. Chaque salle de presse devra, au départ, déposer un certain nombre de tokens sur la plateforme Civil. En cas de problème, si une salle de presse participante estime qu’une autre se conduit de manière non éthique (publications d’incitations la haine, plagiats ou ‘fake news’), il peut contester la présence de cette salle de presse sur la plateforme. Il déclare cela en misant un nombre équivalent de tokens à ceux détenus par la salle visée par la contestation. La contestation étant déclarée, les autres salles de presse peuvent voter, leur poids respectif dépendant du nombre de tokens qu’ils détiennent. Et si le contestataire gagne, la salle de rédaction visée est éjectée de la plateforme Civil. En cas d’échec, la salle ayant déclaré la contestation perd les tokens investis.

Comme l’explique le cofondateur Matt Coolidge, ce processus, devrait non seulement garantir une certaine honnêteté du contenu mais favoriser la présence « de salles de presse issues d’un spectre idéologique et politique très varié ». Présenté ainsi, cela semble idéal mais, comme souvent, il y a une faille… Et elle est importante puisque la création d'un système qui donne plus de pouvoir de vote aux participants les plus riches semble presque simplifier le processus d’exclusion des salles de rédaction les plus turbulentes ou de niches. Par contre, rien n’indique que celles restantes seront les plus honnêtes… Il faudra donc attendre, et observer les nécessaires ajustements aux principes initiaux, afin de voir si cela fonctionne réellement ou n’était qu’une belle utopie de plus.

Disclaimer : ce type d'investissements étant hautement spéculatifs, les divers contenus publiés ici ne constituent en rien une incitation à investir, ni une garantie de succès. Prudence donc. Et si vous décidez de vous lancer, ne le faites qu’avec des montants que vous pouvez vous permettre de perdre.

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